Saint-Denis

Pour une coordination des projets du quartier

Le 8 octobre, le collectif Pleyel à venir a fait parvenir un courrier à l’ensembles des commissions d’enquête qui travaillent sur les futurs projets d’aménagement de notre quartier pour leur demander de travailler ensemble.

L’incohérence des projets a sauté aux yeux dès leur présentation. Des éléments du projet alternatif ont été intégrés mais le cloisonnement des enquêtes publiques empêche une bonne compréhension de l’ensemble des mesures à mettre en oeuvre. Nous avons donc demandé officiellement aux différentes commissions d’enquête qui travaillent sur notre territoire de coordonner leur travail. Voici le courrier envoyé pour lequel nous attendons une réponse :

« Mesdames et Messieurs les commissaires enquêt.rice.eur.s,

Comme j’ai pu vous le formuler lors de la réunion publique du 30/09/19, dans le cadre de l’enquête publique sur le franchissement urbain Pleyel, le collectif Pleyel À Venir demande officiellement à la commission d’enquête du FUP de se mettre en lien avec les commissions d’enquêtes de la complétude de l’échangeur A86 Pleyel (par l’intermédiaire de Mme Eustache) , de la commission d’enquête du PLUI Plaine Commune (par l’intermédiaire de M Nau) ainsi qu’avec les responsables de la MGP en charge de la ZAC Saulnier.

En effet, toutes ces enquêtes publiques (encore en cours ou à venir) sont reliées par, entre autres éléments, la gestion des circulations du quartier Pleyel, la gestion des espaces de pleine terre et l’épineuse question des pollutions et des expositions des populations sur le quartier. Ces projets se neutralisent entre eux en différents points et nécessitent d’être retravaillés transversalement à l’échelle du quartier et de la ville.

Pour tous ces sujets, depuis 2017, notre collectif a alerté sur les méfaits identifiés et proposé des alternatives afin de tracer les lignes rouges qui nous contraindraient à nous opposer à tous ces projets.

Si nous observons quelques inflexions récentes dans les variantes retenues ou à l’étude, elles ne sont ni suffisantes, ni suffisamment garanties pour rendre ces projets acceptables.

Nous rappelons que l’acceptabilité devra répondre à la nécessité de projets qui réduiront les concentrations horaires, dans l’intégralité du périmètre d’étude, au-delà des évolutions dites « au fil de l’eau » afin d’atteindre, en tout point du quartier et pour chaque usager, des seuils d’expositions aux pollutions inférieurs ou égaux à ceux définis par l’OMS.

D’après les études produites en vue des phases d’enquêtes publiques, cela n’est pas le cas aujourd’hui. Nous l’avions pressenti dès le début des concertations mais n’avions pu avoir accès aux études préliminaires en 2017, pourtant déjà disponibles lors de nos demandes. Le discours institutionnel continue en 2019 de communiquer sur les « bienfaits » de leurs projets malgré des chiffres sans équivoque qui décrivent des augmentations de certaines pollutions par rapport au fil de l’eau sur le quartier Pleyel.

Ces projets devront également mieux répondre aux enjeux d’une « ville résiliente » pour lutter contre les modifications climatiques (îlots de fraîcheur proche des lieux de vie, réduction et éloignement des voies de circulation automobile, sanctuarisation des réservoirs de biodiversité, renforcement des corridors écologiques, suppression des points noirs bruit, continuité et sécurisation des voies en mobilité douces, préservation et amplification de la présence de l’eau…).

Aussi, pour éviter tout conflit futur et valoriser le travail de médiation initié par les commissaires enquêt.rice.eur.s, nous estimons nécessaire que l’ensemble des commissions sus-citées se réunissent autour des collectifs mobilisés, sous l’égide de la CNDP, afin de mettre en compatibilité toutes ces enquêtes (ainsi que les éléments de la ZAC Pleyel, actuellement non soumise à enquête publique, mais dont l’avis du public s’est révélé largement défavorable lors de la mise à disposition de l’étude d’impact) et répondre conjointement aux questionnements et ambitions des habitant.e.s pour leur quartier.

Depuis le mois de juillet dernier, des discussions ont eu lieu entre les différents acteurs pour discuter de la faisabilité de nos propositions sans jamais nous inviter à ces échange. Nous déplorons cela.

Nous souhaitons donc, pour cadrer notre demande, inviter l’ensemble des commissions d’enquêtes, ainsi que les représentants institutionnels, dont le Préfet, à une balade urbaine commune pour visualiser les problématiques et partager les différentes contraintes et solutions à mettre en œuvre, afin d’en dégager un calendrier d’actions claires et partagées par tou.te.s.

Nous rappelons que, depuis bientôt 3 ans, nous avons dû intervenir dans plusieurs dizaines de réunions publiques pour rapporter systématiquement les mêmes problématiques et les mêmes sujets dans des périmètres institutionnels annoncés comme indépendants les uns des autres. Nous estimons avoir largement fait la démonstration des liens qui existaient ainsi que du sérieux de notre investissement et de notre ouverture pour aboutir à un consensus.

Malheureusement, le temps passe, les projets et les dépenses publiques s’entassent et notre parole n’est pas respectée dans un contexte contraint par l’arrivée des JOP en 2024.

Nous comptons sur la capacité d’innovation démocratique de la République pour trouver avec nous le périmètre juridique qui permettra d’accéder à cette demande.

Nos élu.e.s ne nous semblent pas avoir pris la mesure du degré de désaccord des premières personnes concernées avec les solutions qu’ils soutiennent, laissant entendre (dans une lettre du Maire du 27/9/19) qu’ils porteraient des solutions précises convergentes avec les habitant.e.s engagé.e.s sur ces sujets. Tous les éléments factuels à votre disposition (avis en ligne, pétitions, prises de parole en public, articles de presse, sites internet ou réseaux sociaux, absence de compte-rendu de 3 des 4 réunions citées, réunions publiques citoyennes) vous permettront de confirmer que les solutions souhaitées sont différentes. Dans ce contexte, une coordination de commissions d’enquêtes indépendantes nous apparaît indispensable.

Il nous semble que les différentes maîtrises d’ouvrages, sous l’égide de Monsieur le Préfet, ont le pouvoir de prolonger les enquêtes publiques afin de permettre la mise en œuvre de ce format de mise en commun du travail des différentes commissions d’enquêtes avec toutes les parties prenantes, dont les collectifs d’habitant.e.s.

Restant à votre entière disposition pour cette coopération constructive, nous espérons que vous pourrez nous apporter une réponse (positive ou négative) dans la huitaine, car au moins une commission d’enquête doit rendre son avis prochainement et nous n’aimerions pas nous entendre dire, une fois encore, qu’il est trop tard pour agir ensemble.

Veuillez, Mesdames et Messieurs les commissaires enquêt.rice.eur.s, agréer mes sentiments les meilleurs. »

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